|
Des Arbres de la Liberté ? Admettons. Mais, qui a donné l’idée de ces arbres autour desquels on dansait « la carmagnole » ? Un révolutionnaire éclairé ? Un abbé précurseur (comme on lit dans les livres) ? Pas du tout : le premier arbre planté à Tulle pour fêter « la liberté », s’appelait un « may », (prononcé avec son « i » comme lo mai). L’arbre de la liberté n’était donc lui-même qu’un mai ! Nous n’étions pas plus avancés. Il a donc fallu partir en recherche. Cette recherche nous a d’abord mis sur la piste des mais « insolents » que des paysans du Bas-Limousin ont dressés au pied des châteaux, dès l’hiver 1789, pour dire leur colère. Un arbre, un mai pour contester ? Comment le comprendre ? Il a alors fallu partir à la découverte de tous ces arbres que la tradition populaire appelle des mais : mais du 1er mai, mais aux filles, mais aux notables, mais de confrérie et de bachellerie, mais d’honneur et mais d’opprobre et d’injure aussi. Quel est donc ce code du mai que l’on ne comprend plus ? D’où vient ce langage des arbres chargés de rubans et d’objets ? Pour répondre à cette question, il fallait remonter bien plus haut encore, interroger les Mésopotamiens, les Hébreux, les Celtes, les Grecs, pour essayer de déceler ce que, de leur conception du monde, de leurs croyances et de leurs rites ils auraient pu nous léguer. Et puis faire le chemin en sens inverse, redescendre le temps en nous éclairant des lueurs des civilisations du passé. Nos pas se sont parfois perdus au milieu de mille pistes, ils se sont souvent égarés à côté des chemins tracés. Mais c’est au détour d’une route, à la croisée des temps, au hasard des errances, que des petits morceaux de sens, des bouts de signe, nous sont apparus, éparpillés. Collés les uns aux autres au retour de ce grand voyage, ils ont permis de reconstituer, une à une, quelques phrases de ce langage du mai. Alors quand au retour de cette longue route, nous revoyons ce mai, il a changé : ce n’est plus un vilain poireau pavoisé, c’est une présence parmi les hommes qui signifie beaucoup plus qu’un drapeau en haut d’un arbre. Mais refaisons ensemble le voyage... |
|
|
|
|
|
|