Ceci n’est pas un livre d’anecdotes sur les deux Présidents que
la Corrèze a propulsés, presque coup sur coup, au sommet
de l’Etat, Jacques Chirac d’abord, François Hollande ensuite.
Ce n’est pas non plus un livre politique sur le programme, les orientations
ou le gouvernement de l’un et de l’autre.
Il va seulement vous permettre de découvrir qui est ce pays
pauvre, rural, peu peuplé, méconnu, méprisé,
que le 6 mai 2012 a mis pourtant en pleine lumière pour avoir lancé,
jusqu’aux plus hautes sphères, un élu de gauche après
un élu de droite quelques années auparavant et vous entraîner
dans un grand voyage en pays inconnu, où vous seront révélées
ses mœurs et son histoire.
Etrange, d’abord, cette pratique qui fait osciller la contrée
tantôt d’un côté, tantôt de l’autre… Etonnant
comment, partis d’ici, les plus brillants de ses fils parviennent aux sommets
: trois papes au XIVe siècle, un homme trente fois ministre et trois
fois Président du Conseil au début du XXe siècle,
Henri Queuille, le modèle de nos deux Présidents, de droite
et de gauche…
Mais en remontant le temps, on découvre surtout une vieille
histoire Nord-Sud (une de plus), ignorée, voire occultée.
C’est celle d’une puissance politique et économique du Nord de la
Loire qui, en quatre épisodes, de Clovis à Jules Ferry, en
passant par Charles Martel, Louis IX (dit saint Louis) et Louis XIV, ces
héros de l’histoire “de France“, a conquis et étouffé
un pays du Sud de la Loire, où existait un niveau bien plus élevé
de culture et de liberté.
Vieille histoire ! Non. Car à cet état de dépendance,
les familles du Bas-Limousin, future Corrèze, ont réagi et
réagissent toujours.
Et si, comme le pense l’anthropologue Emmanuel Todd, la façon
dont les familles s’organisent pour vivre et transmettre leur héritage
est une réponse aux contraintes de l’histoire et peut avoir des
conséquences sur les tendances politiques futures, là un
peut-être la clef…
Comment a-t-on vécu pour répondre à cet état
de dépendance et surtout au poids d’un Etat royal centralisateur
?
- En se cramponnant d'abord. Les familles qui avaient pu garder depuis
le Moyen Age la terre qu’elles travaillaient alors, des familles “souches“,
ont tout fait, au cours des siècles, pour s’y accrocher et pour
s’en rendre véritablement propriétaires, : autorité
du chef de famille, transmission de l’héritage sans partage aucun
à l’un de leurs enfants (garçon ou fille) et rôle assigné
à chacun.
- En partant, ensuite, c’est-à-dire en émigrant à
la saison. Qui partait ? Ceux qui n’avaient pas hérité. Où
? Dans les pays offrant du travail, les villes du sud et l’Espagne d’abord,
Paris et les villes du nord ensuite et surtout. Oui, la Corrèze
est un pays d’émigrés, traités comme tels, réagissant
comme tels, s’adonnant aux tâches laissées aux émigrés
: la maçonnerie notamment (les Limousins ont construit Paris). Ce
qu’ils rapportent : l’argent indispensable au paiement des impôts
royaux et au maintien de la vie familiale, le prestige de celui qui a vu
autre chose et ramène d’autres façons de voir, celles du
pays dominant.
- En s’associant enfin, entre familles, pour partager les travaux,
s’entraider, partir ensemble, et gérer de façon communautaire
des terres trop pauvres pour intéresser les riches, mais qui permettent
la survie commune : les “communaux“.
Cette histoire a laissé des valeurs apparemment contradictoires
mais obligatoirement complémentaires, qui ont fait de la Corrèze
un pays de petits paysans libres : autorité et inégalité
d’un côté, égalité et solidarité de l’autre…
Droite, gauche…, gauche, droite… Libre mais soumis à la pensée
du Nord…
Les temps ont beau changer, ces tendances opposées demeurent
et coexistent. Et personne n’ayant beaucoup, tous se sentent proches et
semblables et doivent le rester, “normaux“ en quelque sorte…
Ce livre parle aussi des sources, des saints, de l’Eglise et de ses
prêtres, des confréries. Il parle notamment d’une antique
et belle coutume, celle de l’Arbre de Mai dressé très haut
devant la maison de l’élu pour l’honorer, mais aussi pour lui rappeler
le pacte sacré qui le lit à ses électeurs. Car c’est
ainsi depuis toujours en Corrèze : il n’y a pas de donné
sans un rendu, pour être un homme, il faut quitter le pays, celui
qui reviendra sera souvent choisi comme chef, on lui rendra honneur et
en contrepartie, il rendra… service…
Alors, en définitive, porter deux des hommes qu’elle a moulés
à son image, puis élus, jusqu’aux plus hautes fonctions de
la Nation représente la revanche d’un pays digne et, si on ne croit
plus aux saints, on espère encore les miracles des hommes politiques,
arrivés là-haut…
Cinq chapitres :
1 Des Papes et des Présidents
2. Légendes et vérités de l’histoire
3. Sous un toit, au même feu…
4. Du “Mai“ au 6 mai, les rituels du pouvoir et de l’autorité
Ce pays aux deux Présidents
dans une mise en page originale et claire, avec encarts, cartes et tableaux.